TECHNIQUEMENT CORRECT, LA COURSE À PIED

La course à pied est devenue une pratique populaire chez les gens de tous les âges. Les boutiques de sport font fureur avec leurs choix exhaustifs d’espadrilles et de vêtements spécifiques à la course. Certaines d’entre elles offrent aussi des cliniques de course à ceux qui désirent suivre un plan d’entraînement pour courir leur première course de 5 km, de 10k m, de demi-marathon ou de marathon. En effet, la course à pied est un sport facilement accessible. Où que l’on soit, on enfile nos espadrilles et hop, nos foulées nous mènent où nous voulons aller… à condition que nos pieds et notre corps nous le permettent!

LES BLESSURES SPORTIVES

En parallèle avec cette tendance, on note toutefois une hausse de blessures sportives qui amènent plusieurs coureurs à nous consulter dans nos cliniques podiatriques. Est-ce le type de pied qui est problématique, l’intensité et le volume d’entrainement… ou bien la technique? Il va de soi qu’une hausse d’intensité et de volume trop brusque peut perturber le système musculosquelettique et amener le coureur à développer des blessures de type chroniques communes telles que les périostites, les fasciites plantaires, les fractures de stress, le syndrome de la bandelette ilio-tibiale, pour n’en nommer que quelques-unes.

Comme on l’observe fréquemment dans nos pratiques, une biomécanique fautive peut également être en lien direct avec un risque accru de blessures puisqu’à la course, les pieds reçoivent cinq à huit fois le poids de notre corps lors de chaque foulée. Le coureur qui fait de l’hyperpronation se voit plus à risque de blessures de surutilisation musculaire, de types fasciites plantaires, tendinites du tibial postérieur, périostites et inflammation de la bandelette ilio-tibiale. On peut également noter des raideurs au niveau lombaire chez les coureurs de longue distance qui ont les arches affaissées et même chez ceux qui ont les pieds creux et rigides.

La tendance vers la course minimaliste est devenue tellement populaire depuis les dernières années que les magasins de course à pied voient leur stock d’espadrilles de course évoluer vers les types de chaussures neutres, avec moins de coussin et d’élévation aux talons. Il faut par contre y faire attention; adopter une bonne technique, c’est repositionner le corps, afin de réduire l’attaque du talon à chaque pas et c’est tout un apprentissage! Puisque ces chaussures n’offrent pas de protection aux niveaux des talons, il faut s’assurer de limiter le temps passé au sol lors de chaque foulée afin de réduire le stress d’impact aux talons.

La transition peut être longue, mais il en va de soi qu’en adoptant une bonne technique de course, le patron moteur de course deviendra plus efficace afin de courir de façon plus économe, avec moins de stress au niveau musculaire et articulaire.

SYSTÈME D’ANALYSE DE COURSE

Dans notre pratique, afin de bien guider les coureurs de différents niveaux, nous avons installé le système d’analyse de course Contemplas. À l’aide d’un tapis roulant et de caméras, le coureur est analysé sous différentes vues : premièrement pieds nus, ensuite avec espadrilles de course, avec ou sans orthèses. On observe ainsi l’attaque du pied lors de chaque foulée ainsi que la répercussion vers les articulations des membres inférieurs et supérieurs.

Préalablement à l’analyse de course, un examen biomécanique est complété afin de vérifier l’alignement des membres inférieurs ainsi que la posture globale du patient, en statique et à la marche. Lors de cet examen, une série de mesures est effectuée afin de vérifier si le pied est en position neutre, en pronation ou supination. On vérifie aussi les rotations disponibles au niveau des hanches, la présence ou non d’un raccourcissement structurel, l’alignement des genoux, le mouvement disponible des articulations du pied, mais surtout celui de l’hallux! La présence d’un hallux limitus peut être responsable d’une déviation importante du patron de course lors de l’attaque et de la propulsion.

De plus, l’analyse de course peut servir à guider le coureur vers une meilleure technique de course, comme d’augmenter la cadence, ce qui diminue le temps passé au sol et améliore la posture dynamique à la course. Développer une posture dynamique efficace à la course ne s’adopte pas du jour au lendemain. Par contre, en s’assurant qu’à la base les pieds sont stables et que la posture est adéquate, il ne reste que la pratique de la course pour perfectionner le tout.

Sur ce, bonne course!

Dre Annie Jean, Podiatre

Source texte: Magazine Le Patient, Vol 9, n0 4, pages 38 et 39

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